Révélations dans une lettre de Constant Mutamba sur les tensions au sein de la classe dirigeante.
L’ancien Ministre de la Justice et leader du regroupement politique Nouvelle Génération pour l’Émergence du Congo (NOGEC), Constant Mutamba a rompu le silence ce vendredi 7 novembre 2025, dans une lettre percutante adressée à Jeune Afrique. Incarcéré suite à sa condamnation pour tentative de détournement de fonds, Mutamba utilise sa missive pour jeter une lumière crue sur ce qu’il perçoit comme une instrumentalisation du système judiciaire congolais à des fins politiques.
Depuis sa cellule, l’ancien haut responsable déplore avec gravité la dérive du système judiciaire en République Démocratique du Congo (RDC). Il a été condamné récemment par la Cour de cassation à trois ans de prison pour une tentative présumée de détournement de 19 millions de dollars américains, des fonds initialement alloués à la construction d’un centre pénitentiaire à Kisangani.
Revenant sur son propre procès, Mutamba s’interroge sur les véritables priorités de la gouvernance nationale. Il dénonce la « fragilité de notre système judiciaire » et le manque de cohésion au sein de l’exécutif, parlant d’un déficit de « solidarité gouvernementale ».
Au-delà de la critique institutionnelle, l’ancien ministre accuse directement l’entourage proche du Président Félix Tshisekedi.
Selon lui, certains collaborateurs « mal inspirés » travaillent à saper les véritables soutiens du chef de l’État pour garantir leur propre survie et ascension politique.
Constant Mutamba dénonce des « réseaux » au sein du pouvoir qui fabriqueraient des « dossiers souvent faux » afin d’écarter ceux qui aident réellement le président. Il affirme que le président Tshisekedi est « le mal compris de ses collaborateurs » qui, en refusant de « prendre des risques pour lui », combattent en réalité ses alliés fidèles.
La critique la plus amère de Constant Mutamba vise la dénaturation de la mission de la justice. Pour lui, le système judiciaire congolais est devenu une véritable « arme politique » plutôt qu’un bouclier de protection pour les citoyens.
« Loin d’être le rempart, notre justice se présente désormais comme cet instrument de règlement des comptes destiné à opprimer les faibles », écrit-il, exprimant une profonde amertume face à cette dérive.
La lettre de Constant Mutamba, largement diffusée sur les réseaux sociaux, met en évidence les fractures internes au sein de la classe dirigeante et soulève de sérieuses préoccupations quant à l’indépendance de la justice en RDC.
Jusqu’à présent, ni le gouvernement, ni la présidence n’ont émis de réaction officielle à ces graves accusations.
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